L’autisme de l’intérieur

Qu’est-ce que l’autisme sans déficience intellectuelle?

L’autisme sans déficience intellectuelle est une part importante du Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA), 80% des personnes autistes sont concernées. Il s’agit d’un autisme sans déficit intellectuel. Et bien sûr, les personnes ayant une sur-efficience intellectuelle … HPI, THPI, TTHPI, HQI, THQI, sont concernées par cette forme d’autisme TSA SDI.

Et parler du spectre autistique est très enrichissant, il est ainsi possible d’envisager les différentes manifestations de l’autisme, qui selon chacune et chacun diffèrent.

Articles sur l’autisme, de l’intérieur

Si on s’éloigne vraiment des stéréotypes HPI/TSA…

“C’est fou ! Avant je croyais que la personne autiste/surdouée était quelqu'un qui avait des connaissances pointues sur un domaine (ou des domaines précis). Et que cette personne était tellement accaparée par ses intérêts spécifiques qu'elle en oubliait tout le reste, notamment les autres.
L'image stéréotypée !

Surtout que dans mon esprit les connaissances de cette personne concernaient des domaines scientifiques, intellectuels ou techniques. Je n'imaginais pas que les intérêts de la personne autiste et/ou de la personne surdouée pourraient être sur des domaines artistiques, humanistes, sportifs, éducatifs, manuels etc..

Maintenant, je suis émerveillée de découvrir chaque jour un peu plus de l'intérieur ce que sont réellement les ressources TSA/HPI. Et c'est passionnant de constater à quel point les personnes concernées par ce double fonctionnement sont parfois très éloignées de ce stéréotype.

Et passent inaperçues..
Car elles peuvent avoir des capacités d'hyper-attention et de grande lucidité à tout ce qui se passe autour d'elles, pour se faire petites et humbles. Pour ne pas prendre trop de place.
Observer, écouter, être empathique, ressentir, analyser très vite, et s'adapter.

Alors même qu'intérieurement elles sont envahies par de multiples sensations, émotions et réflexions.

Comme si au lieu d'envahir les autres par leurs connaissances savantes, elles se laissaient traverser intérieurement par une intensité et une densité continuelle.
Et qu'extérieurement elles demeuraient discrètes et invisibles.

Elles gardent, en quelque sorte, pour elles la complexité, la richesse et les subtilités qu'elles vivent et contemplent. Car cela est bien difficile à partager !

Et ainsi, tout le monde passe à côté de ces personnes (enfants, ados, femmes, hommes) qui ne ressemblent pas à un personne autiste ni à une personne surdouée alors même qu'elles vivent au cœur de toute leur personne une double exceptionnalité cognitive, sensible, physiologique, psychologique, etc..

Et elles-même aussi peuvent s'ignorer et ne pas se rendre compte.

Il reste encore beaucoup de chemin pour comprendre et donc détecter le fonctionnement autistique couplé du haut potentiel.
Pour que les nombreuses personnes concernées puissent se reconnaître et être reconnues. Et sortir du brouillard que l'absence de détection laisse.

Car tant que l'on ne connait pas son fonctionnement cognitif global il est plus difficile de vivre et de gérer sa vie réellement en fidélité à soi. Cette connaissance de soi est déterminante.

Alors, peut-être est-ce vous ? Ou un proche ?”

🌀 Le phénomène de compensation dans l'hypersensibilité sensorielle


Phénomène qui permet aux personnes neurodivergentes de s'adapter et de baisser leur niveau de divergence afin de passer plus inaperçues à leurs propres yeux et à ceux des autres.

Je trouve incroyable cette capacité humaine à compenser pour survivre lorsque l'on se trouve dans une situation inconfortable (voir très, très inconfortable) !
Compenser pour ne pas trop ressentir.
Compenser pour amoindrir la sensation désagréable ou qui fait violence.
Compenser pour détourner sa propre attention ailleurs.
Compenser pour nourrir ses autres forces, ressources, centres d'intérêts.
Compenser pour s'appuyer sur ce qui fait du bien.

Et, oui, l'enfant, l'ado et l'adulte mettent en oeuvre, parfois et dans certaines circonstances, de multiples ressources intérieures afin de palier à leurs sens à fleur de peau.

Différents types de compensations sont alors possible :

1/ La compensation sensorielle.
C'est alors un autre sens qui prend le relais lorsqu'un de nos sens est mis à mal par une sensation désagréable. Par exemple, la vue peut nous aider à compenser le bruit. On se focalise alors sur l'observation d'une situation ou sur un écran et la gêne du bruit n'a plus le même effet. Et ceci peut fonctionner, plus ou moins selon les personnes et le degré de la gêne sensorielle, avec l'ensemble de nos sens.

2/ La compensation intellectuelle.
L'intellect prend le relais afin d'amoindrir les effets de sensations incommodantes. Et l'attention portée ainsi sur la réflexion permet à la personne de vivre la pénibilité de sa ou de ses sensations de manière plus tolérable.

3/ La compensation spirituelle.
Moins évidente, et pourtant très efficace ! Ici, c'est la dimension spirituelle ou mystique qui donne la force à l'enfant ou à l'adulte de traverser les désagréments de ses sensations. Ainsi, la personne se focalise sur ses ressources de contemplation ou de méditation, d'émerveillement ou d'amour, ou sur son expérience d'unité et d'absolu et peut ainsi "oublier" pendant un temps ses sens contrariés. Son attention portée sur l'Essentiel lui procure une force compensatoire inestimable.

Or, si ces phénomènes de compensation à nos hypers sens sont souvent très utiles, et ceci depuis notre plus tendre enfance, ils ne sont pas sans conséquences !
Et oui, si la compensation peut permettre de s'adapter et de survivre, elle nous détourne de la réalité de notre sensibilité sensorielle. Elle nous coupe en quelque sorte de ce qui se passe véritablement en nous-même.

1. De ce fait, notre conscience de nous-même n'est pas ajustée.
2. Et pourtant, la fatigue est là, parce que le corps vit tout de même les contrariétés sensorielles.
3. Nous ne pouvons donc pas anticiper et nous protéger parce qu'on ne mesure pas l'intensité de la réalité de la gêne.
4. Il y a donc déni sur notre fonctionnement divergent, qui ne peut pas être reconnu ni pris au sérieux.

Qu'en dites-vous ?

🌀 L’autisme invisible concerne aussi les hommes !

Il est admis que l'autisme féminin est souvent plus difficile à détecter, car la fille ou la femme autiste compense davantage grâce notamment à certaines habilités sociales et s'investit dans des intérêts plus communs que son homologue masculin.

Or, je constate qu'un certain nombre de garçons et d'hommes ont la même "invisibilité", du fait de ces mêmes habilités à compenser et/ou à camoufler, et d'intérêts à des sujets "passe par tout".

Ainsi, s'il est primordial d'explorer ce qu'est l'autisme au féminin et de l'éclairer de plus en plus, il est, je crois, essentiel de mettre à jour les connaissances sur l'autisme masculin.

Comme si jusqu'à peu les connaissances étaient issues de l'observation de la face immergée de l'iceberg ; celle qui saute aux yeux.
Or, en découvrant que la fille et la femme autistes, aux subtilités et aux nuances plus discrètes ou plus complexes, existaient bel et bien et devaient êtres prises au sérieux, les connaissances sur l'autisme ont fait un bond en avant.

Il s'agit maintenant, d'intégrer les garçons, les ados et les hommes dont l'autisme est également peu visible, parce que léger, et/ou parce que compensé par d'autres ressources cognitives et/ou parce qu'il ne se manifeste pas tel qu'on l'attend, là où on l'attend.

L'homme autiste peut, tout comme la femme, s'intégrer bien dans la société, être engagé dans son travail, au sein de sa famille, ne pas avoir de comportements stéréotypés et passer inaperçu.

Et si nous osions aller vraiment au-delà des clichés et les représentations toutes faites sur l'autisme au masculin afin d'envisager de nouvelles perspectives ... et découvrir que d'autres petits garçons ou ados ou hommes sont concernés par ce fonctionnement qui mérite d'être vu et reconnu.

La parentalité, un intérêt spécifique (ou restreint) à part entière !

“Cela fait bientôt 18 ans que je suis maman. Et pendant des années je ne comprenais pas pourquoi je me sentais souvent en décalage avec les autres parents.
Comment se faisait-il que les autres ne vivaient pas la même intensité ni le même centrage sur leurs enfants ?

Aujourd'hui je comprends mieux ... une des raisons de cette différence est qu'un de mes grands intérêts spécifiques est : mon enfant (ou plutôt chacun de mes trois enfants).

Et oui ! Depuis la naissance de mon premier enfant, toute ma vie intérieure, mon intellect et tout mon corps se sont tournés du côté de la vie de mon enfant, puis du deuxième et enfin du troisième.

Or, si tout s'est retourné en moi et s'est centré sur le soin adéquate et approprié de mes enfants (dans le but qu'ils soient le plus sécures et libres possibles), c'est parce que mes ressources cognitives et sensibles sont faites pour s'investir totalement dans un intérêt.

Sans le savoir, mon fonctionnement autistique m'a fait m'engager dans ma parentalité avec une force et une détermination inouïes, sans relâche.

Aujourd'hui je suis heureuse de vous partager le fait que la parentalité peut être un intérêt spécifique pour la personne autiste !

Dans mon cas, comprendre mes enfants est devenu un sujet de recherche à part entière. Et répondre à leurs besoins m'a mobilisé toute entière, corps et âme.
Ainsi, depuis 18 ans je déploie une très grande part de mon énergie à la relation avec chacun d'eux.

Et j'ai beaucoup de gratitude envers mon fonctionnement atypique qui m'a mise au service de cette si belle cause.

C'est pourquoi j'ai à cœur de partager cette réalité : la parentalité peut être un très bel intérêt spécifique (ou restreint) chez la personne autiste !”

Je me fais croire…

“Je suis capable d'avoir une conversation très claire et adaptée avec quelqu'un, à la manière (presque) d'une personne neurotypique, mais cela n'est pas sans conséquences sur mon état intérieur.
Après coup, cela peut générer du stress, de l'émotivité, de la fatigue et un sentiment de chaos. Comme si le fait de me sur-adapter, de me travestir en quelque sorte, avait un effet après coup assez déroutant.

Car sur le moment lorsque la situation me motive à m'adapter pour atteindre un objectif qui me tient à cœur, je ne mesure pas à quel point je m'adapte, dans quelle mesure je mets donc de côté mon naturel.

Pour que ça passe bien , je suis capable de dire ce qui est attendu et de diriger la communication dans le "bon" sens. Et, cela fonctionne à merveille le temps d'une conversation !

Mais je me piège alors moi-même. Car j'y crois.
Je crois être cette femme qui s'exprime et qui communique en apparence si bien, de manière maîtrisée et adaptée.

Or, l'après coup me signale que je ne suis pas confortable avec cette pratique, avec ce rôle normatif que je m'impose.
L'après coup m'apprend que je viens de compenser, peut-être un peu trop.

Etre capable de compenser n'est donc pas toujours aidant, car cela peut nous piéger et nous détourner de notre véritable nature.

Et, ce qui est subtile est que lorsque je compense (sans m'en rendre compte) je me sens tout de même différente et en décalage par rapport aux autres, j'ai donc l'impression d'être assez authentique. Mon point de vue est différent, je me sens fidèle à moi-même.

Mais en réalité, je saute par dessus une grande part de moi car inconsciemment je mesure la profondeur du fossé. L'écart parait trop vertigineux !! ... alors je dois compenser pour l'amoindrir.

Que faire ainsi de cette part au-dessus de laquelle il est bien tentant de sauter par dessus afin de lisser un peu les choses ?

Peu à peu prendre la mesure des conséquences de ces sauts d'obstacle.
Pour oser apprivoiser l'ampleur du décalage, et l'inédit qui se cache. Afin de se rencontrer véritablement dans tous les aspects de soi qui d'habitude n'ont pas d'espace pour se détendre, pour être en toute simplicité.

Lever ainsi progressivement le voile sur sa véritable nature.”

🌀 Une histoire de présence

“Je suis encore étonnée, après tout ce temps de vie avec moi-même, de mon rapport au monde. De mon type de PRESENCE au monde.

Pendant un temps je me sentais comme une éponge qui absorbe tout ce qu'elle croise.
Mais en réalité il s'agit plus d'une adhésion. Je colle à tout ce que je vois ; ou alors tout ce que je vois me colle.

J'adhère physiquement à mon champ sensoriel : ce que j'entends, vois, sens.
Tout ce que j'entends se colle à moi, chaque bruit, son, chaque mot. Dans son état brut. Tel que cela est dit de manière explicite.
Tout ce que je vois se colle à moi, chaque détail, chaque attitude, expression, regard, chaque lumière, etc.. aussi dans son état brut.
Chaque odeur, chaque toucher...
Ça se colle ou je colle. Et quelques fois ou même souvent, cela demeure même une fois que la situation a changée.
Et ce phénomène s'opère aussi pour un film que je regarde, un texte que je lis ou une situation que j'imagine.

Chaque détail se colle à moi, et je ne sais pas toujours comment l'intégrer, l'ingérer ou le laisser de côté.
En réalité, le problème est que je ne sais pas quoi en faire.
Et ceci est le propre de mon rapport au monde, depuis toujours.

C'est comme si tous ces détails que mes sens et mon intellect captent m'étonnaient toujours. Alors je cherche à comprendre, j'en tire des conclusions, je ressens une flopée de sensations, d'émotions, mes pensées moulinent, je cherche le sens, la valeur.
Et je me sens soit en sécurité, soit en insécurité, selon le sens ou la valeur que je donne à ce qui se passe dans la situation que je vis, à l'instant t."

Et toi, comment vis-tu ta présence au monde ? Il y a-t-il des aspects qui te parle dans ce que j'évoque ?